13 juillet 2009
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| […] Un rallye, c’est aussi une chaleur humaine, le contact de l’amitié. Pour être pilote, n’est ce pas ? On n’en est pas moins homme. Et là, je crois que les deux sont comblés. Car entre chaque épreuve, et même tout au long de l’épreuve, il y a les copains. Le rallye est un petit univers où tout le monde se connaît, où l’on aime à se retrouver où l’on se porte assistance. Par exemple, si vous vous trouvez bloqué sur la route, il y aura toujours un concurrent qui s’arrêtera, s’inquiètera. Et puis c’est un monde où chacun aime par-dessus tout ce qu’il fait, et en discute passionnément. Il faut nous voir au moment de la préparation d’une épreuve : les points de vue qui s’échangent sur l’étape à courir, les renseignements qu’on glane de droite et de gauche, pour savoir quel genre de pneus va utiliser tel ou tel, pour recueillir au dernier moment des précisions supplémentaires sur l’état de la route. Emulation et fraternité font du rallye un monde à part, en dehors de la vie normale. A partir du moment où vous y entrez, tout contact cesse avec l’extérieur : vous vivez branchés sur vos notes, en compagnie de gens qui n’ont eux-mêmes pas d’autres préoccupation. Puis, quand l’épreuve commence, il y a la conduite de la voiture, ce plaisir qu’on ressent à tenir entre les mains le « bout de bois », cette volonté qui vous étreint de faire le mieux possible, de garder l’équilibre à un rythme hallucinant sans jamais se tromper, sans jamais « toucher ». Comment l’expliquer à ceux qui ne l’ont pas vécu ? Comment décrire la satisfaction qu’on éprouve au bout d’une étape spéciale dont on a fignolé la préparation et dont réussite, proche de la perfection, couronne vos efforts ? Et puis, à l’arrivée, tout ce bruit, cette excitation qui vous porte au-dessus de vous même, les commentaires sans fin, tout ce langage technique dont on les assaisonne et qui est comme notre seconde langue. Tout cela me passionne, je vis mieux, je respire mieux, même en avalant de la poussière, même en crevant de chaud. Parce que je vis plus fort, jusqu’à la limite de mes possibilités. Et le tout, je le vis au sein d’une franche camaraderie. Que demander de mieux ? | DRT |  |
| Je ressens les mêmes choses, ces choses si indescriptibles, si diffuses et précises à la fois, qu’on ressent peut être sans s’en rendre compte. J’ai éprouvé des choses assez fortes en (re)lisant ces phrases il y a quelques jours, et je me devais de partager cela avec vous, pensant que vous devez certainement ressentir ces choses, ces sentiments si particuliers… A bientôt, Jean-Charles PS : Lucien Bianchi écrivit ces lignes au sein de son autobiographie titrée « Mes Rallyes ». Un mois après avoir terminé ce récit à 100 à l’heure, comme s’il avait mis fin à sa propre biographie, il décéda lors des essais des 24 Heures du Mans, le 30 mars 1969, au volant du prototype Alfa Roméo. Récit épique qu’il avait commencé durant sa convalescence après son effroyable accident du Londres-Sydney 1968, alors qu’il était en tête du rallye sur une Citroën ID (DS), avec Jean-Claude Ogier à ses côtés. « Mes rallyes » : Tour de France Automobile, marathon Liège-Sofia-Liège, Tour de Corse, Coupe des Alpes, Rallye Monte-Carlo… « Mes Rallyes », aux éditions Flammarion (1969) (extrait : pages 36 et 37). http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucien_Bianchi |
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